L’École Nationale Supérieure de Statistique et d’Économie Appliquée (ENSEA) conduit depuis juillet 2019 un projet dénommé « Performance Monitoring for Action » (PMA) avec l’appui financier de la Fondation Bill & Melinda Gates n. La mise en œuvre du projet bénéficie de l’appui technique de l’Institut Bill et Melinda Gates pour la population et la santé de la reproduction. L’objectif du projet PMA est de faire progresser les connaissances relatives à la dynamique contraceptive et à la santé de la reproduction sur le plan programmatique.
PMA met en œuvre des enquêtes transversales et un panel longitudinal auprès des femmes et sites de prestations de santé. Les informations collectées par ces enquêtes panel ne sont actuellement pas mesurées par d’autres enquêtes à grande échelle. La conception du panel fournit des informations uniques en permettant aux chercheurs de mesurer et d’examiner les changements intervenus au fil du temps chez les femmes, informations utiles aux planificateurs et aux décideurs politiques pour comprendre la demande et l’adoption de nouvelles méthodes contraceptives. Les données sont disponibles en source libre pour la recherche, la planification de programmes et l’élaboration de politiques.
Dans l’implémentation du projet, deux phases se sont déroulées entre 2020 et 2021. La première phase de collecte de base auprès des ménages, des femmes, des sites de prestation de santé et des clientes des services de planification familiale a été réalisée de septembre à novembre 2020 suivi d’une enquête de suivi en mars 2021. La deuxième phase quant à elle s’est tenue de septembre à décembre 2021 avec une enquête de suivi téléphonique des clientes de PF réalisée en mai 2022. L’étude est réalisée dans cent vingt-deux (122) zones de dénombrement (ZD) en Côte d’Ivoire représentatives au niveau national et selon le milieu de résidence.
Conformément au planning du projet, la mise en œuvre de la troisième phase de collecte, s’est tenue 12 mois après l’enquête de base de la phase précédente. Cette dernière, comme l’a été la phase 2, a été une combinaison d’une enquête transversale auprès d’un échantillon de 35 ménages par zone de dénombrement, d’une enquête de suivi auprès des femmes de panel recrutées pendant les phases 1 et 2 de collecte et une enquête auprès des SPS desservant les ZD.
Ces opérations ont permis d’obtenir auprès des femmes âgées de 15-49 ans des informations relatives à la demande et l’utilisation de méthodes contraceptives, à la dynamique contraceptive et d’obtenir des informations relatives à l’offre et à la qualité de service auprès des structures de santé qui desservent les zones concernées par l’étude. L’étude a également permis de générer des données quantitatives sur les violences basées sur le genre au sein des ménages.
Dans l’optique d’une vulgarisation des résultats de ces enquêtes, il s’est tenu un atelier de dissémination nationale des résultats le 17 Aout 2023 au sein de l’ENSEA. Afin d’avoir une large couverture des différents acteurs lors de cette dissémination, cet atelier s’est déroulé en hybride (présentiel et en ligne sur Zoom).
L’objectif général visé par cet atelier était de présenter les principaux résultats de la phase 3 du projet et du module sur les violences basées sur le genre et de plus, susciter une meilleure appropriation des données de l’enquête au niveau national. Il a ainsi vu la participation :
- du gouvernement ivoirien représenté par :
- (le représentant du Directeur Général de la Santé) et de la Couverture Maladie Universelle ;
- L’assemblée nationale
- Le Ministère de la Jeunesse
- des décideurs en matière de planification familiale et de santé de la reproduction ;
- des partenaires au développement ;
- des experts de la communauté scientifique et la société civile ;
- et enfin les membres du Comité Consultatif de Suivi (CCS) .
La cérémonie a été marquée par plusieurs temps forts à savoir :
- les allocutions ;
- la remise officielle des briefs des résultats de l’étude aux autorités et participants ;
- la présentation des résultats globaux de la phase 3 et du module sur les violences basées sur le genre ;
- les échanges sur les résultat.
Au nombre des résultats présentés, il faut noter que :
- Le taux de prévalence contraceptive moderne (TPCm) parmi les femmes en union est passé de 19% en 2017 à 27% en 2022.
- Le TPCm chez les jeunes filles de 20-24 ans est en progression, passant de 27% (2021) à 35% (2022).
- La proportion d’utilisatrices des méthodes contraceptives à longue durée d’action est en augmentation : 7% en 2022 contre 3% en 2017.
- Les besoins non satisfaits en planification familiale sont en baisse, passant de 26% en 2017 à 17% en 2022. Ces besoins sont essentiellement en espacement qu’en limitation des naissances.
- La proportion de grossesses non désirées est en baisse, passant de 43% en 2021 à 40% en 2022. Les femmes qui ne désiraient pas la naissance récente ou la grossesse actuelle ont pour la plupart le niveau primaire ou n’ont jamais été scolarisées (72%)
- Parmi les femmes qui utilisent une méthode moderne au moment de l’enquête, 79% ont discuté de la décision de retarder ou d’éviter la grossesse avec leur partenaire.
- Seulement 23% des femmes qui bénéficient des quatre messages clés qui constituent des conseils de PF de qualité et
- Plus d’une femme de 20-24 ans sur cinq a discuté de la PF avec un prestataire au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête. Cependant, les adolescentes sont deux fois moins susceptibles d’avoir eu ces discussions.
- Un peu moins du tiers des sites de prestation de santé (SPS) offrant l’implant n’ont pas de prestataires formés et / ou le matériel nécessaire à la pose et au retrait de l’implant. Pour ce qui est des SPS offrant le DIU ce taux est de 52%.
- La prévalence des violences physiques et/ou sexuelles subies par les femmes de la part de leur partenaire intime est importante (11%) mais en baisse par rapport aux résultats de la phase 2 (14%)
- Seulement 29% des femmes ayant subi une violence sexuelle ont recherché une aide et dans seulement 4% des cas ces recherches ont été faites auprès d’une structure formelle.
- Les violences physiques et/ou sexuelles perpétrées par le partenaire intime sont plus fréquentes chez les adolescentes (15-19 ans, 14%).
Il ressort de ces résultats les recommandations suivantes :
Recommandations liées à la planification familiale
- Renforcer la sensibilisation les couples en mettant l’accent sur les hommes sur l’intérêt de la PF pour le bien-être de la famille.
- Renforcer ou adapter le contenu et les approches de sensibilisation.
- Revoir les approches de counseling centré sur la personne.
- Renforcer les capacités des prestataires en counseling.
- Vulgariser les plateformes de e-santé pour informer les adolescentes et jeunes sur la planification familiale.
- Adopter une loi permettant aux prestataires de fournir aux adolescentes les méthodes contraceptives.
- Renforcer les capacités des prestataires sur sites à travers les consultations foraines.
- Rendre disponibles les matériels nécessaires sur tous les sites.
- Faire le suivi des commandes et de l’approvisionnement.
Recommandations liées aux violences basées sur le genre (VBG)
- Accentuer la vulgarisation des lois répressives sur les VBG.
- Sensibiliser les communautés sur l’importance de la dénonciation des VBG et les différentes voies de recours.
- Renforcer les campagnes de sensibilisation sur les VBG.
- Sensibiliser les couples sur la gestion des conflits domestiques.
- Renforcer les capacités des leaders, des adolescentes pour éviter les mariages précoces.
L’ensemble de ces résultats et ceux des phases précédentes de l’enquête PMA sont disponibles en libre accès sur le site www.pmadata.org.