Le 11 décembre, j’étais l’un des invités d’honneur et récipiendaires des prix décernés lors de la commémoration du 60e anniversaire de l’École Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA) d’Abijan, en Côte d’Ivoire.
Ce furent de belles retrouvailles après presque trois ans sans avoir visiter la Côte d’Ivoire, particulièrement la capitale Yammoussoukro ; Je me souviens encore, Nana Ja du village Jakrou m’a intronisé comme son alter-ego en 2015. En effet, nous y avions tenu le troisième sommet ministériel sur l’état civil et les statistiques d’état civil.
Après avoir essayé à plusieurs reprises de me rencontrer en marge des commissions statistiques successives des Nations Unies à New York, j’ai finalement rencontré le professeur Koffi N’guessan pour la première fois en juillet 2007 à l’ENSEA. Nous avons travaillé à la construction de ce qui est devenu plus tard les Stratégies d’Harmonisation des Statistiques en Afrique (SHaSA), inaugurées en 2010.
Le regretté Dr René Kouassi, un ami et panafricain de renom, qui était à l’époque directeur des affaires économiques à la Commission de l’Union africaine, avait organisé un dîner pour nous là-bas. Le campus de l’Université de Côte d’Ivoire était dans un piteux état, avec des bâtiments inhabitables.
L’université a ensuite été fermée pendant au moins trois ans en vue de sa réhabilitation, non seulement au niveau des infrastructures en ruine, mais aussi au niveau institutionnel. Ce qui nous a frappés, Risenga Maluleke, aujourd’hui directeur général de Statistics South Africa (StatsSA), et moi-même, en entrant dans l’université, c’est cet établissement d’excellence qu’était l’ENSEA. Nous nous sommes demandé comment au milieu de cette université délabrée, ce joyau architectural avait-il survécu ?
L’ENSEA a toujours été égale à elle-même, à sa devise d’excellence dans le temps ; aussi bien qu’en terme de contenu que d’environnement de formation. Depuis sa création il y a 60 ans, l’ENSEA illustre le vrai sens du renforcement des institutions en Afrique.
Mr Koffi N’guessan, qui a été nommé en juillet ministre de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage de Côte d’Ivoire, a été directeur de l’ENSEA pendant 20 ans, après avoir succédé au Dr François Yattien-Amiguet, qui fût directeur de l’ENSEA pendant 25 ans. Koffi N’guessan a travaillé à l’ENSEA pendant 33 ans.
Depuis 2015, les destinées de l’ENSEA sont désormais entre les mains du professeur Kouadio Kouassi Hugues. Ce dernier totalise aujourd’hui 22 ans de service à l’ENSEA.
L’ENSEA a formé plus de 4 000 professionnels qui travaillent dans les bureaux de statistiques, les ministères du plan et du secteur bancaire, l’industrie et le commerce. La cérémonie a vu la présence de quatre ministres qui sont passés par l’ENSEA aussi bien en tant qu’étudiants pour certains, qu’en tant que professeurs pour d’autres. Il est évident que l’ENSEA produit le leadership technocratique pour le programme de renouvellement de l’Afrique.
Au cours de ce dîner très important en juillet 2007, Risenga et moi avons passé du temps à parcourir les laboratoires statistiques du programme, y compris le laboratoire de langues. Koffi et moi avons pris des décisions cruciales à la suite de cette visite.
En effet, il s’agissait tout d’abord pour l’ENSEA de former quelques membres du personnel de Statistics South Africa le mois qui allait suivre en vue de leur permettre d’entreprendre des études statistiques pour les années à venir. Ensuite, il a été aussi convenu de briser la barrière de la langue, en particulier dans les matières techniques afin d’améliorer l’unité et la compétence africaines, sur la base de la diplomatie économique en Afrique.
Fidèle à l’ambition de son prédécesseur, l’actuel directeur, le docteur Kouadio Hugues est à la tête de l’ENSEA désormais Centre d’Excellence de l’AFD. Le Centre d’Excellence se concentre sur les nouveaux défis mondiaux des technologies de l’information, du big data, de l’internet des objets, du leadership statistique, de la formation continue et de la formation des cadres.
Je suis toujours président du comité chargé de la conception et la réalisation de l’ENSEA en tant que Centre d’Excellence. En effet, les perspectives de forte croissance de cette institution, sont prometteuses.
Je suis vraiment honoré de la confiance que le gouvernement et le peuple de Côte d’Ivoire en ma personne pour diriger le comité de pilotage.
Depuis le début du partenariat entre StatsSA et l’ENSEA il y a plus d’une décennie, StatsSA a formé plusieurs fonctionnaires qui maîtrisent désormais le les statistiques économiques, et ce, en français. Nous avons ainsi créé un cadre de professionnels qui peuvent travailler dans le cadre de la diplomatie économique et interagir facilement avec leurs homologues francophones.
Nous pouvons briser les barrières humaines et commerciales si au niveau des dirigeants et techniciens, nous parvenons à briser les barrières linguistiques. En effet, certains des professionnels sud-africains travaillent sur tout le continent et dans le monde entier. Un programme aussi réussi et la distinction que j’ai reçue n’auraient pas été possibles si l’ancien ministre des finances puis du plan, Trevor Manuel, et les présidents sous lesquels il a servi n’avaient pas cru à
la Conférence Africaine pour le Développement de la Statistique, qu’ils m’ont permis de mettre en place.
Le prix que j’ai reçu de l’ENSEA en reconnaissance de mon leadership dans le domaine de la statistique témoigne du soutien que StatsSA et ses dirigeants ont apporté et continuent d’apporter à l’unité africaine et à l’Agenda 2063. L’Afrique peut prospérer, mais seulement si elle évolue sous un bon leadership. L’ENSEA démontre ce que l’Afrique peut accomplir, si elle fonctionne sous un bon leadership.
Le Dr Pali Lehohla est l’ancien directeur général de Statistics South Africa. Retrouvez-le sur www.pie.org.za et @Palilj01.
Source : https://www.iol.co.za/business-report/economy/pali-lehohla-former-statistician-general-of-sa-receives-award-at-ensea-for-leadership-in-statistics-9d52ba09-debb-4a4a-9c6d-e669cd0264b7
